Dans la soirée du 16 août, le public de la 59e édition du festival international de Carthage a eu rendez-vous avec la star égyptienne May Farouk pour un concert à guichets fermés en hommage à Oum Kalthoum. L’année 2025 marque en effet le 50ᵉ anniversaire de la disparition de « El Sett », cette grande dame de la chanson arabe qui est également un symbole national en son pays par son engagement culturel et social. SEM l’Ambassadeur d’Egypte a été présent à cet évènement transmis en direct sur trois chaines égyptiennes.
Avant le démarrage de la soirée, pour saisir différentes facettes de l’univers musical de la diva égyptienne, une vidéo de sa visite en Tunisie, en mai 1968, a été projetée sur l’écran géant avec sa voix chantant en fond sonore.
Les mélodies de celle que l’on surnomme « l’Astre d’Orient », en allusion à l’éclat de sa carrière, ont ensuite repris vie sur scène avec la voix puissante de May Farouk. Accompagnée d’une quarantaine de musiciens sous la baguette du maestro Mohamed Lassoued, ils ont su reproduire la magie de ces titres indémodables.
Dès le premier titre « El Hob kolou », les applaudissements ont résonné fort avec les voix qui fredonnent haut les couplets et le refrain que l’on connait par cœur. Le second titre a été « Hadhihi laylati ». May Farouk est parvenue à susciter de fortes émotions en conjuguant la beauté et la richesse des textes, écrits par les plus grands artistes de l’époque d’Oum Kalthoum, à l’intensité d’expression dont elle est dotée. C’est sans doute ce qui explique son succès dans ce genre de reprises. Le public s’est montré tellement enthousiaste que la chanteuse n’a pas su
retenir ses larmes en remerciant l’audience.
Avec « Ala balad l mahboub », où le rythme est plus entrainant que les précédentes, May Farouk a allié énergie et sensibilité dans une interprétation fidèle à l’œuvre originale. Pour les morceaux suivants, « Gaddedet hobbak », « Fat el maaad » et « Holm », elle a fait davantage preuve d’une grande maitrise du tarab. Pour ces chansons qui impliquent des compétences vocales de haut niveau, la reprise de May Farouk rappelle fortement l’interprétation d’Oum Kalthoum dans son intensité et sa justesse. De longs applaudissements ont suivi ces titres.
Elle a enchainé avec des extraits de « Esseel rouhek » sur une musique de Mohammed Al-Mougui, « Baeed anak » et « Sirt l hob » signées Baligh Hamdi puis « Daret l ayem » composée par Mohammed Abdel Wahab.
Entre nostalgie et exaltation, l’émotion était palpable chez les spectateurs tous âges confondus.
De son propre répertoire, May Farouk s’est contentée de « Aftekerlak eeh » du parolier et compositeur contemporain Amr Mustapha. Par la richesse des paroles et la musique complexe, cet air a été en parfaite harmonie avec l’héritage d’Oum Kalthoum et l’esprit de cette soirée d’hommage. La star s’est éclipsée quelques secondes avant de réapparaitre vêtue d’un cap traditionnel tunisien qu’elle a enfilé sur sa robe. Un geste fortement applaudi par la foule présente. Le spectacle a été clôturé en beauté avec le titre légendaire « Enta Omri » pour lequel l’amphithéâtre a résonné comme une chorale.
Sur environ deux heures et demie, le public a chanté et même dansé sur ces mélodies intemporelles qui continuent de transcender le temps et les frontières. A travers cette expérience immersive, chaque note, chaque parole, sont une preuve que l’héritage d’Oum kalthoum continue de vivre dans les cœurs de ceux qui l’ont écoutée et dans ceux des nouvelles générations qui redécouvrent son œuvre avec autant de passion. D’ailleurs, lors de la conférence de presse, May Farouk est revenue sur l’importance de transmettre ce legs musical, une responsabilité et un engagement auquel sont tenus les artistes en parallèle avec la production de nouveaux albums.
