Difficile de trouver les mots pour parler de la chanteuse espagnole d’origine africaine et précisément guinéenne Concha Buika. Il faut tout juste écouter sa voix puissante qui interprète avec maestria différents genres de musique : flamenco, jazz, soul, rumba sur des thèmes appelant à la paix dans le monde, la liberté et la justice.
Quelle autorité est donc cette Buika qui s’est produite, vendredi soir 21 juillet à Carthage et qu’elle rencontre pour la première fois le public tunisien, venu en nombre appréciable à l’occasion de la 57ème édition du festival International de Carthage. La chanteuse espagnole jouit des qualités de grandes divas : imprévisible, libre, conquérante et talentueuse à souhait.
Sa voix, un condensé de plusieurs cultures depuis celle de ses origines équato-guinéennes à celle de tradition gitane, a fait trembler, ce soir-là le théâtre de plein air et donner des sensations jouissives au public venu découvrir sa prestation. Son corpus musical est un beau métissage de plusieurs patrimoines à caractère populaire dont elle essaie de le reconstituer à l’instar d’un puzzle.
Chanteuse autodidacte issue des quartiers pauvres de Palma de Majorque (Espagne), Concha Buika a réussi à séduire les professionnels de la musique et le public en renouvelant le chant flamenco et en introduisant du jazz, du folklore antillais et en adoptant une posture de rockeuse. Chose qui semble difficile à concevoir. Pour cela, il faut avoir un sacré caractère et une volonté d’enfer. Les quatre musiciens, qui l’entourent (guitare, basse, percussion et piston) forment une symbiose avec elle et obéissent à toutes ses directives. Le public de Carthage a pu apprécier un répertoire aux influences espagnoles, funk et soul qu’elle chante de sa voix grave et éraillée.
Bête de scène telle une Tina Turner, Buika se sert avec efficacité des sources musicales ouest-africaines, gitanes (flamenca), cubaines et américaines (soul, bues, rock et house) et jazz. Une mosaïque musicale qui reflète ses choix. Elle a présenté 15 titres de son premier album sorti en 2000 et du deuxième en 2005 : « La Falsa Moneda », « No Habra Nadie El Mundo », « Hijos de la Luna », « Las simples cosas », « Nina Lola » et d’autres chansons partagées partout dans le monde.
Cette mosaïque de chansons traduit sa volonté de défendre le patrimoine culturel africain qui se caractérise par des rythmes vivants qui invitent à répandre les valeurs de tolérance et de l’acception de l’autre. Elle a réussi a tisser un patchwork de chansons occidentales avec un fond de musique africaine festive ouvrant ainsi la voie au dialogue et au brassage culturel.
Le succès arrive, fulgurant ! « Derrière toutes les chansons, nous cachons nos rêves, nos peurs et nos désirs » confie la chanteuse qui a réussi à créée ce soir-là un choc émotionnel, terminant sa prestation avec un morceau coloré qui a enchanté le public dont la soirée lui restera gravée dans sa mémoire.