Il faut croire que l’absence de spectacles pendant la période de Covid a motivé le public à se défouler sans garde ni mesure. A l’ouverture de la 56e édition du Festival International de Carthage, Abdelhamid Bouchnak a offert au public assoiffé, à peine sorti de la déprime un antidépresseur en forme de comédie musicale. L’effet cathartique ne s’est pas fait attendre, le public a immédiatement explosé, il faut dire qu’il attendait impatiemment cette adaptation de Nouba, le long feuilleton à succès (50 épisodes) rebaptisé à Carthage « Ocheg Eddeniya ». Le résultat est à la hauteur de l’attente une addition de scènes au premier desquelles on note une surprise de taille : la présence de notre championne de tennis Ons Jabeur avec ses parents, son mari et son coach. La vedette incontestée, inattendue est montée sur scène, pilotée par Dr. Hayet Guettat Guermassi, ministre des Affaires culturelles et M.Kamel Deguich, ministre de la Jeunesse et des sports. Dès son apparition sur scène, des appels de bienvenues sont montés de toutes parts des cris de joie, des lumières des téléphones portables, des aveux d’admiration, des chants ont fait vibrer les travées du théâtre romain. Ajoutez l’hymne national entonné par des milliers de spectateurs et les frissons de joie montent pour rencontrer la lune (pleine d’un jour).
Lumières, la scène est à 3 étages, au ras du sol ça chauffe, mezoued et bendirs, donnent le la, à l’étage en champs profond dansent et gesticulent des jeunes et autres comparses. Les personnages de la comédie vus revus sur le petit écran, reconnus sont sur la scène, ils échangent les réparties épicées des milieux populaires, des voix s’élèvent, ça chante, ça danse, le public réagit au quart de tour, il connaît les détails et les subtilités des scènes, les acteurs en rajoutent une touche, invitant les spectateurs qui ne se font pas prier à s’exprimer haut et fort, à répéter les strophes des chansons d’Ocheg Eddiniya (amoureux de la vie). Le public est gâté, il a ce qu’il guettait depuis l’annonce du programme, les acteurs lui servent le plat demandé, de la musique populaire à réveiller les morts, des dialogues emportés, des gestes vifs et enjoués et la bonne humeur pour tout le monde.
Les personnages s’échauffent, le ton monte, la musique suit, les personnages évoluent, le ton monte, ils sont en transe, silence de la gauche de la scène le ténor Lotfi Bouchnak, vêtu de noir, chéchia rouge entre en, salue, entame des gestes familiers, complice, il dodeline de la tête et impose sa voix au milieu du brouhaha ; il chante deux morceaux inédit. Le public s’affole et réagit, forcément en dansant.
Plusieurs vedettes sont à l’affiche de ce spectacle phénoménal, Rim Riahi, Hamza Bouchnak, Bahri Rahali, Aziz Jebali, Amira Chebli, Hela Ayadi, Chedli Arfaoui, Bilel Briki, Mhaddeb Rmili, Hichem Sallem, Tlili Gafsi, Salh Farzit, Samir Loussif, Kafon et Abdelwahab Hannachi.
Trois heures sans interruption, des tableaux qui se succèdent, des voix de différents timbres, inconnues et d’autres connues se mélangent ou partent en solo pour le bonheur du public qui applaudit sans relâche Jusqu’à très tard.