55ème édition du Festival international de Carthage
Ziara de Sami Lajmi
Lundi 12 aout 2019
Théâtre romain de Carthage
Plus d’une centaine sur scène, une présence impressionnante d’instruments de percussion, les étendards –Snajek- drapent l’ensemble, les Mounchidyns, imposent une ambiance ou le sacré et le profane se rencontrent dans un mystérieux mélange.
La Ziara de Sami Lajmi, revient au Festival international de Carthage avec du nouveau, l’image est plus dense, les couleurs changent et la fusion est beaucoup prononcée. Le répertoire du départ sur lequel a travaillé l’auteur de ce travail en 2013 (faisant sa première au Festival international de Carthage) s’est beaucoup développée, cherchant du côté d’autres confréries du nord au sud du pays.
L’architecture de base est pourtant là, celle qui a conquis le cœur des Tunisiens et a fait que ce spectacle de musique soufie et cette fresque de l’univers confrérique affiche complet à chaque représentation atteignant des chiffres records.
Le travail sur la musique est des plus pointus, un travail sur la puissance, sur les vibrations, sur l’enveloppement, et sous l’effet des voix masculines des chanteurs et les sonorités des bendirs, les corps se balancent, frémissent, se déchainent… les sons pénètrent les corps, rythmes les pulsations du cœur et touchent les centres nerveux. C’est une musique physique capable de manier esprits et corps. Les rythmes secouent les corps dont certains entrent en transe et rien que sur ce plan là, la Ziara est arrivée à faire une proposition musicale qui ne lâche pas la tradition mais la développe en spectacle.
Coté mise en scène, les choses ont énormément évolué, la maitrise du travail et l’exercice répété du spectacle ont rendu les libertés encore plus faciles.
L’exécution musicale se place comme une plateforme et sur la scène les chanteurs solistes, le chœur et quelques personnages étouffent cette bulle musicale dans laquelle nous nous retrouvons avec des danses, avec écharpes, des passages de femmes avec des couffins de Ziara, la visite de la mariée au marabouts, la fête de la circoncision…la recherche de la bénédiction et de la protection du saint est certes une étape essentielle dans la vie communautaire mais la Ziara est aussi, un moment de fête profane une installation d’un pont entre le sacré et l’usuel, entre le spirituel et le terrestre.
Et enfin, inutile de s’attarder sur la qualité, la puissance et l’émotion que transmettent les chanteurs solistes de la Ziara comme Mohamed Ali Chebil et Mounir Troudi.
Lors du point de presse qui nous a réuni dans les coulisses avec Sami Lajmi et son producteur Mohamed Boudhina, on a tenu a préciser que Ziara à Carthage a affiché complet depuis 3 semaines déjà et que c’est devenu une habitude « Ziara se joue toujours à guichets fermés » déclare Boudhina.
« Depuis la création de la Ziara en 2013, le travail ne s’est jamais arrêté et je suis toujours insatisfait, je continu la recherche sur de nouveaux textes, sur de nouvelles confréries, encore plus de fusion, et la mise en scène qui prend de plus en plus de place. Ziara est un spectacle vivant qui cherche toujours à s’améliorer et à explorer de nouvelles contrées » explique Sami Lajmi.