55ème édition du Festival International de Carthage
Soirée de Latifa Arfaoui
Vendredi 19 juillet 2019
Théâtre romain de Carthage
Tous les éléments étaient réunis pour que Latifa Arfaoui remporte le challenge de se produire au Festival International de Carthage après une absence de plus de neuf ans. D’abord, une troupe de grande facture artistique et technique dirigée d’une main de fer par le Maestro Mohamed Lassoued qui a assuré de bout en bout une soirée très attendue tant par le public que par les médias. Ensuite, la victoire des Fennecs à la finale de la CAN 2019 et qui constitue une victoire tunisienne tant les rapports entre les deux peuples sont solides. Et enfin les retrouvailles avec un grand ami de longue date et de surcroit journaliste à la plume à la fois tendre qu’acerbe et qui n’a pas mis les pieds à Carthage depuis la soirée de Warda, en l’occurrence Hechmi Nouira qu’elle a spécialement invité pour cette soirée et qui l’a accompagné de sa descende de voiture aux coulisses.
Et c’est en présence de M. Mohamed Zinelabidine Ministre des Affaires Culturelles et d’un très grand nombre de ses fans que Latifa Arfaoui a entamé sa soirée programmée depuis deux semaines seulement, avec une vigueur et une détermination d’enfer en démontrant sa grande capacité d’artiste qui une fois sur scène se transforme en tigresse hypnotisant par sa gestuelle et son regard précis les foules les plus rebelles.
De tout en blanc vêtue avec finesse et grande élégance Latifa a surgi de la scène entourée d’une troupe de jeunes danseurs et danseurs d’Urban art qui ont conféré à son entrée sur scène un air de modernité incontesté. Et à Latifa de se lancer dans ce qu’elle sait très bien faire, enflammer son public avec « El Houma El arbi » un titre qui en dit long sur son attachement à ses racines, son quartier et sa Tunisie qu’elle chante à chaque occasion et dans tous les festivals auxquels elle participe.
Latifa Arfaoui avait de la rage au ventre, de l’amour à en revendre et du patriotisme à donner la chair de poule aux plus endurcis. Dans une démarche ferme et quasi guerrière, elle a traversé toute la scène rallongée pour la circonstance et traversant toute la partie réservée aux chaises, pour fondre dans la foule qui l’acclamait telle une héroïne revenue de loin. Et ce fut le cas, Latifa a triomphé de l’absence, du temps et de la concurrence des styles et d’une nouvelle vague d’artistes très talentueux et de surcroit très bien entourés par de grands managers opérant à l’échelle mondiale pour conserver sa place à la tête du Box-office des artistes arabes et dans le cœur des Tunisiens qui l’adorent.
Au cours de cette soirée très spéciale Latifa n’a pas manqué de surprendre son public, d’abord en interprétant l’hymne national algérien pour partager la joie de nos voisins à l’occasion de la consécration des Fennecs champions d’Afrique de football pour l’année 2019, ensuite en invitant sur scène le célèbre et non moins grand danseur Rochdi Belgasmi, résolument libre et provocateur et enfin le jeune Ahmed Rebai dont elle est parraine depuis qu’elle l’a découvert à la Cité de la culture alors qu’il interprétait sa célèbre chanson « Ahimou Bi Tounes Al Khadra ».
Et c’est dans cette ambiance très chargée d’émotion que Latifa a enchainé les titres en revisitant son large répertoire au bonheur d’un public conquis d’avance et en interprétant le must de ses nouvelles créations époustouflantes .
Accompagnée par le public, Latifa a chanté « Lamma Yjibou Sirtek » l’une de ses plus belles chansons sorties en 1994, texte de Abdelwahad Mohamed et composition de Khaled Amir et d’enchainer avec « Hobbek Hadi », « Bahebbak fi Gharamek », « Matrohchi Baiid », « Migouda », « Narah » et tant d’autres belles chansons dont une, très touchante, spécialement dédiée à sa mère.
Pour un retour sur la scène du Théâtre romain de Carthage dans le cadre de la 55ème édition de ce festival ce fut un grand évènement artistiquement fantastique qui a fait le bonheur de cette artiste qui tient à sa tunisianité comme à ses prunelles et au public qui a été pour le moins gâté par son idole et par une organisation plus que parfaire de cette soirée.