Nour Mhena est une vedette, personne ne le conteste, particulièrement les habitués de la scène de Carthage. Rendez-vous est pris, jeudi 21. Est-ce un euphémisme que de dire que les gradins ont été pris, dès la fin de l’après-midi ; L’amphithéâtre résonnait par les appels, jeunes et moins jeunes, sur les chaises, sur les gradins, il n’y avait aucune espace vide. Le spectacle, comme on l’imagine a commencé bien avant l’entrée du chanteur.
Dix heures tapantes, l’orchestre, composé de près de 20 instrumentistes tunisiens, dirigé par le jeune Rassem Damek entre en scène sous les lumières et le chant des spectateurs, quelques morceaux plus tard, Nour Mhenna fait son entrée ; des pas mesurés, la main tendue, en veston clair et chemise blanche à col ouvert, à l’aise. Il entame une chanson sur la ville d’Alep, ce qu’elle était, une ville où les amours étaient heureuses et la vigne présente, une chanson poignante. Qu’est-elle devenue Alep Alep l’accueillante ? La réaction du public ne se fait pas attendre, les lumières des portables dirigées vers la scène. Mhenna entame les préambules de circonstances « Les deux pays frères, la Tunisie et la Syrie se rencontrent de nouveau…mais quel public, un public idéal, qui chante ; qui connaît l’art, proposez, j’exécute, je suis à vous». Le crooner connaît son public, le public reconnaît son idole, le spectacle passe à la vitesse supérieure. Fidèle à un répertoire classique qui a gagné la sympathie et le désir du public, Mhenna chante les « Halabiet » , gravés dans la mémoire , l’orchestre appuie les mélopées et les romances des belles nuits dama scènes, entraînant son public vers les planètes merveilleuses des amours anciennes et des promesses tenues et non tenues. Plus de deux heures de chant, entrecoupées de salutations chaleureuses, d’hommages aux Tunisiens « grands amateurs de musique » « je chante pour vous, mélomanes, qui que vous soyez, ouvriers, intellectuels, je vous trouve merveilleux, grands connaisseurs de musique… »
Mhenna se déplace sur la scène avec beaucoup d’aisance, chaleureux, sans gestes inutiles, parfois quelques pas de danse, des encouragements à l’orchestre…Et l’éclat des voix du public suit naturellement. De Saïd Derouiche, il chante « Talâatyamahla nourha » , suit une chanson de Mohamed Abdemoutaleb « Ennas El Moghramine » ( Les amoureux) et avec le même entrain, se tourne vers le répertoire tunisien avec une chanson de Khmaïs Ettarnanen chantée par Saliha « Kouetni, koutek ». Comme attendu, « Ouahachtini » ( Tu me manques) de Khaled Mohamed, chanté par HoudaSoltane ; le public est aux anges, ça danse, ça crie, ça accompagne la chanson au mots et au tempo juste. Entre Mawaals et Halabiya. Mhenna, qui vit depuis plus de dix ans loin de son pays, évoque sa Syrie avec beaucoup de douleur et de mélancolie, il chante son pays « Ya mal Echam », le public applaudit à tout va, « Ibâathli Gawab » « Envoie-moi une réponse … et rassure-moi ) dit la chanson. S’il n’est pas totalement rassuré du côté des amours, il l’est sans l’ombre d’un doute devant son public qui ne veut pas le lâcher.Le spectacle fut suivi d’une conférence de presse amicale, durant laquelle le chanteur a réitéré son amour au public, son public tunisien qui n’a pas déserté les classiques de la chanson arabe, qui n’a pas cédé aux nouvelles tendances passagères de la mode et des rythmes sans lendemain. Il retient plus de 300 chansons « Quand je monte sur une scène, je n’ai pas de programme préparé, comme j’ai un public fidèle, je lui laisse souvent le choix du programme ». Ou l’on constate que l’aura de Mhenna n’a pas faibli.