Festival de Carthage : Faraj Suleiman (Palestine) et Noor et Selim Arjoun (Tunisie)

C’est une soirée de découverte par excellence. Le festival de Carthage a confié, mercredi dernier, la scène à de jeunes talents et il n’a pas eu tort. En effet, le public, venu en grand nombre assister au spectacle, était réellement emballé par une musique qui est une fusion (mazj) entre musique occidentale et musique arabe. Faraj Suleiman, compositeur et chanteur palestinien et le duo frère et sœur tunisien : Noor et Selim Arjoun.
La chanteuse Noor Arjoun et le compositeur et pianiste Selim Arjoun ont assuré la première partie de la soirée avec des chansons en dialecte tunisien qui célèbrent l’amour, l’amitié, la joie mais aussi le désespoir d’une jeunesse en quête de repères et d’identité. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, le public reprend en chœur les refrains qu’il semble apprécié.
Pour leur première à Carthage, Noor, vêtue d’une robe couleur pistache, prêtait sa voix fragile aux mélodies qu’elle a elle-même composée et Sélim au piano ainsi que l’autre duo qui les accompagnait Youssef Soltana à la batterie et Marwane Soltana à la bass, ont dissimulé leur trac en communiquant de façon spontanée avec le public. « C’est une musique faite avec beaucoup d’amour » révèle entre autres Noor dont la maman a également mis la main à la pâte en écrivant les paroles de certaines chansons.
Leur musique c’est aussi une histoire de famille. L’un écrit, l’autre compose et l’autre chante et puis viennent les amis pour donner main forte. S’il faut trouver une appartenance à leur style de musique, on peut la qualifier de musique du monde. Une sorte de pot-pourri de musique jazz, pop, blues et autres dérivés. Sauf les paroles, la musique arabe et quasiment absente ainsi que ses instruments oud et cithare.
La musique un langage universel qui brave les frontières physiques et mentales. C’est sur cette vision que leur projet est fondé. De cette aventure carthaginoise, vécu par ces artistes comme un rêve, on retiendra les titres : « Lik snin », « Atyef », « Houyem », « Trab » musique du générique du feuilleton ramadanesque « Harga 2 » avec lequel le duo accompagné d’une chorale a terminé le spectacle. Le public les a remerciés par un standing ovation.
Faraj Suleiman : Mélodies de l’exil
La vedette de la seconde partie de la soirée est le palestinien Faraj Suleiman qui a fait sensation, lui aussi sur la scène de Carthage qu’il aborde pour la première fois. Une communauté de palestiniens enthousiaste brandissant le drapeau de leur pays était présente sur les gradins. On est loin du folklore et des chansons engagées qui ont caractérisé le patrimoine musical palestinien. Faraj Suleiman vit entre Paris et Berlin, sa musique occidentale est difficile à définir. Accords de jazz et de tango, elle souffle le chaud et le froid, l’amertume et la joie, les rêves étouffés et la réalité exacerbée.
Sur scène, de noir vêtu, tout concentré sur son piano, il donne du dos au public, façon d’absorber les ondes du public par derrière et de les accueillir sans voir les mouvements et les encouragements ; il chante sur un ton prosodique, donne ses directives de la tête à ses instrumentistes virtuoses : deux violons, un violoncelle, une basse, une guitare , des percussions et une trompette.
Surprenant Faraj Suleiman, palestinien de Berlin, auteur, compositeur et pianiste de la meilleure trempe qui a satisfait la faim du public de Carthage, détendu, il a joué et chanté en délicatesse des compositions à lui, entraînant les spectateurs dans son univers jazzistique empreint de classicisme évident.
Accroché à son piano, le jazzman exilé de Galilée, partage pour la première fois avec le public de Carthage son répertoire riche de plusieurs titres dont : « Better than Belin », « love is you », « Issa Jay », « Charaâ Yafa », Mon cœur au fond de la nuit », « Crushed coffee », « Mariage disposal » et une comptine pour enfants de son album « Fahim » outre des pièces pour piano en solo, quatuor et quintettes. On a notamment retenu dans le silence, un dialogue captivant et langoureux entre le piano et le violoncelle, appuyé par une percussion en sourdine, dialogue bientôt connecté au deux violons. Un pur délice. Comme attendu, les spectateurs réclament leur dû de chansons engagées. Où l’on parle de Jaffa, de douleurs et d’humiliations. Sur son engagement politique qui semble tarauder encore des esprits, il déclare « on limite l’engagement au discours oral, or tout, musique, arts plastiques peuvent exprimer un engagement, il faut nous habituer à écouter, à déceler les choses cachées ». Les sonorités que dégagent le piano de Suleiman, appuyées de paroles douces, chantées sans fracas ni extravagance.
Jusqu’en 2018, Faraj Suleiman était inconnu du public. C’est son passage au festival de jazz de Montreux (France) qui le rend célèbre. Il explose. Sa carrière est enfin lancée. Les offres de concerts affluent de partout. « Log in », son premier album sorti en 2014 marque ses premiers pas de compositeur. Il est suivi de « Three steps », « Love without a story » et « Toy Box ».
Carthage tombé sous le charme de ce jazzman lui consacre un accueil empressé et plus étonnant répète avec lui ses tubes. Un succès de plus dans la carrière de ce jeune artiste doué qui reviendra sûrement en Tunisie pour d’autres concerts.

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